Débordante d’imagination comme toujours, la Belge Nadine Monfils poursuit les aventures délirantes de l’inspecteur Lynch et de sa chienne Tequila qui, en plus de boire en souriant, pisse désormais des hiéroglyphes. Sans oublier Coco, une prostituée délicieusement givrée. Fous rires et suspense garantis!
Un meurtrier qui reproduit des toiles de Magritte avec des cadavres, ce n’est pas banal!
«J’essaie de creuser le plus loin possible dans mon imagination pour rester originale parce que je n’aime pas ce qui est banal, ni dans la vie ni ailleurs. Pour moi, l’art c’est quelque chose qui doit continuer à étonner, à surprendre. Et puis j’ai toujours eu une fascination pour Magritte!»
Où pêchez-vous vos idées?
«Je n’en sais rien! Cela vient tout seul, depuis que je suis petite. J’ai toujours l’impression de pousser une grille dans ma tête et d’avancer dans un jardin d’herbes folles où tout est possible. Je peux pousser cette grille à n’importe quel moment.»
Coco donne son nom au livre. Pour un ex-prof de morale, avoir une prostituée comme personnage central, ce n’est pas commun non plus!
«Ce n’est pas incompatible. Quand j’étais prof de morale, j’ai publié mon premier bouquin intitulé ‘Conte pour petites filles perverses’. C’était donc déjà en plein dans la contradiction, mais ce n’est pas incompatible!»
Qu’est-ce qui attend encore Tequila, après boire en souriant et pisser des hiéroglyphes?
«Je crois qu’elle a une possibilité infinie de choses! Ce sont mes deux chiens, Emile et Canelle, qui m’inspirent beaucoup. J’ai une petite chienne qui applaudit et un chien pour lequel j’ai consacré un polar, ‘Monsieur Emile’. C’est un chien unique. Il me fait beaucoup rire mais a toujours été fainéant.»
Le personnage de Johnny Cadillac existe réellement?
«Absolument. C’est le sosie de Johnny Hallyday. Il est Belge, très drôle, et je l’ai rencontré sur le tournage d’un film de Jean-Jacques Rousseau, notre cinéaste de l’absurde cagoulé. C’est un personnage adorable et complètement habité par son idole. C’est Johnny, mais en plus jeune!»
À quel personnage vous identifiez-vous le plus?
«À tous. Je me sens vraiment très proche des bons comme des mauvais, parce que je crois que l’homme est fait d’ombre et de lumière. Un écrivain, c’est comme un comédien: il rentre dans la peau de ses personnages. Il y a une partie de nous qui dirige les personnages, mais il y a aussi une partie qui nous échappe. Les personnages viennent aussi nous souffler des choses auxquelles on ne s’attend pas.»
Ce livre est un bel exemple de surréalisme à la belge!
«Mais je suis Belge, donc fatalement, je parle avec mes racines. Mais il est vrai que le surréalisme et la dérision me collent. J’ai l’impression d’être née avec.»
Dans quel genre classeriez-vous ce livre?
«Je ne le classerais pas! Cela a toujours été le problème de mon chemin en France, c’est que je suis inclassable comme la plupart des Belges. J’ai eu de la chance de trouver un éditeur comme Belfond qui me suit et me pousse à aller à fond dans ce que je suis. Si je suis inclassable, ils s’en fichent. C’est ce qui leur plaît!»
Vous allez adapter votre livre «Nickel Blues» au cinéma.
«Je vais le produire et l’adapter. J’ai monté ma boîte de production, les productions du Chapeau boule.»
Vous connaissez déjà les acteurs?
«Il y aura Emilie Dequenne, Dominique Lavanant, Suzie Falk, Annie Cordy, Thierry Frémont, Dominique Pinon, et une musique d’Arno!»
Retrouvera-t-on Lynch, Tequila et toute la joyeuse bande prochainement?
«C’est la grosse question. J’aimerais bien continuer un bout de chemin avec eux. Après, c’est un peu aux lecteurs de voir s’ils ont envie de les retrouver ou pas.»
Oui, oui, oui!
L’histoire…
Il se passe une fois de plus de drôles de choses à Pandore, cette ville née de l’imagination farfelue de la Belge Nadine Monfils! Plusieurs personnes ont disparu au «carrefour de la mort» où, raconte-t-on, des fantômes d’accidentés font du stop. Les choses se compliquent quand les cadavres de fillettes disparues réapparaissent dans des mises en scène inspirées des toiles de Magritte. L’inspecteur Lynch et son acolyte Barn, dont on avait fait la connaissance dans «Babylone dream» et «Tequila frappée», suivent l’affaire, flanqués de Nicki, leur profileuse préférée. Mais ils ne savent plus où donner de la tête car leur vie personnelle est, elle aussi, chamboulée. Barn, qui menait une vie d’heureux célibataire avec son chat depuis le départ de sa femme, voit débarquer chez lui Coco, la pute qu’il partage avec Lynch… Et elle semble bien décidée à s’installer avec sa grand-mère, fan du sosie belge de Johnny Hallyday. Quant à Lynch, il est en émois depuis que sa chienne Tequila s’est mise à composer des hiéroglyphes en pissant. Résultat: un polar délicieusement givré, à l’image de Nadine Monfils, digne représentante du surréalisme à la belge. On attend donc avec impatience la suite des aventures de toute cette joyeuse bande!
«Coco givrée» de Nadine Monfils, éditions Belfond, 264 pages, 18,50 €
Cote: 5/5
À noter qu’un nouveau Commissaire Léon, «Les Fantômes de Mont-Tremblant» sortira prochainement chez Québec-Amérique.